Tableau de Norman McCanch prêté par Michèle
Tableau de Norman McCanch prêté par Michèle Nicolarena
L'outarde Canepetière
Ce très bel oiseau (surtout le mâle) ressemble à un super faisan dont le cou serait enveloppé d’une superbe collerette blanche et noire. La femelle beaucoup plus discrète ressemble à une poule faisane, mais le mâle est relativement facile à observer quand il parade pour défendre son territoire : il se rengorge, pousse son cri qui ressemble à un pet (on ne l’appelle pas canepetière pour rien) très bref et relativement faible, mais qui, pourtant, s’entend d’assez loin.
Vous pouvez, encore plus facilement, l’observer, en photo, dans le bureau du maire, à la mairie de Chédigny (le cliché a été pris à un moment intense de la parade : quand le mâle saute en battant des ailes).
L’outarde vient nicher en Touraine à partir de la mi-mars et repart (en groupe) à la mi-octobre. Quand on dit en Touraine, il faudrait préciser dans un petit coin de Touraine : essentiellement autour de Chédigny. En effet la faible population qui vient nous visiter est celle qui s’aventure le plus au Nord, dans notre pays. L’outarde qui était présente dans toute la région, il y a une trentaine d’années, a disparu ! Pourquoi ?
Il est maintenant établi que c’est la monoculture et l’épandage excessif d’insecticide qui sont les causes principales de cette disparition.
Il faut dire que l’outarde est un oiseau exigeant : de l’œuf à l’adulte en passant par le poussin, il lui faut des terrains différents à chaque stade de son évolution. Il doit trouver où se cacher quand il est petit, il doit trouver des insectes pour sa croissance (des gros insectes du genre sauterelles) puis , une fois adulte, il mangera des graines…
Par quel miracle certains individus ont-ils pu résister sur le territoire de la commune (et d’autres communes environnantes) ?
Précisément parce qu’on trouve, par chez nous, un peu plus de diversité qu’ailleurs. Les champs ne ressemblent pas à des océans de céréales. On peut être couvé ici, aller becqueter ailleurs sans faire des kilomètres à pattes (quand on est poussin).
Ce petit miracle ornithologique nous vaut l’attention de l’Europe.
En effet : ce qui est rare est précieux. Et les instances européennes attachent beaucoup de prix à la préservation d’un territoire où les activités humaines resteraient compatibles avec la survie et le développement d’une population d’outardes.
Il ne s’agit pas d’abandonner un bout de terrain à l’outarde en le laissant en friche ou en cultivant uniquement ce qui lui convient à un endroit précis. Ce qui équivaudrait à créer un parc zoologique.
Le pari consiste à faire en sorte qu’un même territoire puisse nourrir à la fois les hommes et les oiseaux. Ce territoire est appelé « Zone Natura 2000 », ses contours ont été définis et différents acteurs et usagers de la nature (agriculteurs, chasseurs, naturalistes…) réfléchissent ensemble à différentes mesures agri-environementales. Ces mesures permettront à ceux qui les mettent en œuvre de bénéficier de subventions européennes. Ainsi les agriculteurs aideront l’outarde qui aidera les agriculteurs….
Pour le plus grand bien-être de ceux qui veulent continuer à vivre dans un village et non pas sur une île perdue au milieu d’un océan de céréales…
Le 9/6/07
Jean-Marie Sirgue, Pour Indrois Nature.
